Ce phénomène apparemment récent est en fait le résultat d’un processus engagé de longue date. Mais c’est seulement depuis peu que la « société civile » organisée s’accorde sur la nécessité d’y apporter une réponse concertée et qu’elle se mobilise pour mieux comprendre et s’opposer à ce que l'on nomme le « rétrécissement de l'espace », une métaphore largement utilisée pour désigner une nouvelle série de restrictions à l'encontre des luttes politiques. Le concept d'espace a lui-même différentes définitions selon la personne à laquelle on s’adresse. Pour certains, il se limite à l’espace concret permettant d’influencer les politiques (le nombre de chaises à une table de négociation), tandis que d'autres l'entendent comme l’espace politique d'organisation, d'action et de construction d'une voix légitime pour la protestation et la dissidence. Les premiers tendent à dépolitiser les processus de contestation, tandis que les seconds les renforcent. Et selon le cas, la manière d’envisager cet « espace » conditionnera le type de réponses à apporter, et aura des répercussions importantes pour qui s'y impliquent et comment.
Cet article a pour objectif de déconstruire le discours sur le « rétrécissement de l'espace » pour en expliquer le sens et faire ressortir des difficultés liées au concept lui-même. Il examine également qui sont les plus touchés par ce « rétrécissement de l'espace » et pourquoi ; vers quoi cette tendance mène-t-elle ; les liens avec les autres grands changements du 21e siècle ; et la réponse que pourraient y apporter les mouvements sociaux progressistes.